CÉSAIRE
Aimé Césaire, cet immense poète français, nous a donné une leçon de vie. Comment vivre son siècle ? On peut vivre la tête sous le sable en laissant passer les choses, en évitant les coups. Les gens à qui l’on a retiré le pouvoir croient qu’ils ne méritent rien et se taisent. Césaire leur dit que la barbarie se prépare de loin et qu’on est toujours complice de son propre malheur. La seule attitude possible est la lutte. " Avant de subir (le nazisme), on l’absout, on a fermé l’œil là-dessus, on l’a légitimé… On l’a cultivé, on en est responsable et qu’il est sourd, qu’il perce, qu’il goutte, avant de l’engloutir dans ses eaux rougies de toutes les fissures de la civilisation occidentale et chrétienne. "
Césaire parlait aussi de toutes les barbaries du XXe siècle. Il fut communiste et écrivit à Maurice Thorez pour démissionner en 1956 car il voulait " une forme d’organisation où les marxistes seraient non pas noyés, mais où ils joueraient leur rôle de levain, d’inspirateur, d’orienteur. "
" Ce n’est ni le marxisme ni le communisme que je renie, c’est l’usage que certains ont fait du marxisme et du communisme que je réprouve… Ce que je veux, c’est que marxisme et communisme soient mis au service des peuples noirs, et non les peuples noirs au service du marxisme et du communisme. Que la doctrine et le mouvement soient faits pour les hommes, non les hommes pour la doctrine ou pour le mouvement. "
Il faut relire cette lettre et l’étudier de près. C’est là que se trouvent les pépites du communisme de demain. Le communisme de Césaire est le nôtre comme il est celui de son compagnon de combat, le docteur Pierre Aliker qui prononça l’éloge funèbre en citant Marx parlant de " l’intérêt général contre les eaux glacées des intérêts privés". La leçon est cinglante. Sarkozy apprend-là ce que "Nègre debout" signifie. Mais elle est utile à d’autres dirigeants politiques venus glaner quelques miettes d’une pensée plantureuse.
J.L.