Le Conseil départemental a eu la bonne idée d’inviter l’OSA, son chef Gilles Millière, sa colonne de musiciens affûtés et émoulus afin qu’il donne un concert de Noël de haute qualité. Mais ce n’était pas en public. C’était sur Canal 32. Qu’importe ! L’enregistrement était parfait ; on a pu se régaler grâce à des oeuvres populaires, pleines de verve et de santé comme seules les grandes plumes créatrices savent les écrire. Rossini, Chabrier, Mozart, excusez du peu. Aujourd’hui que le gouvernement nous confisque tout contact avec la création, la culture nous est diffusée par les media et les réseaux sociaux, mais ce n’est pas tout à fait la culture. C’est de la culture filtrée et aseptisée presque imposée, hasardeuse, involontaire. Car la vraie, c’est celle qu’on choisit, celle où l’on se rend, celle qui demande effort et fête, celle qui nous invite à communier laïquement ensemble. La communion religieuse a, elle, droit de cité, la communion acheteuse des supermarkets est encouragée alors que le partage culturel est méprisé. Et dites-moi aussi comment les artistes peuvent vivre et créer dans ce désert quasi complet ?
Nous sommes des êtres uniques mais nous faisons partie d’un tout. La culture réalise cette liaison entre le singulier et le pluriel. Il est ainsi remarquable que l’artiste, qui crée une oeuvre originale et unique, peut pourtant, en nous tous, raviver les émotions de l’enfance, nous rapprocher des autres et nous rappeler que nous sommes l’humanité.
La culture a ce fabuleux pouvoir de nous émouvoir ensemble, et mieux encore, de nous permettre de penser ensemble, ce qui est essentiel pour notre émancipation.
Jean LEFEVRE