Il est des militantes qui rangent au magasin des accessoires leurs convictions dès qu’on leur offre un poste de pouvoir ; Bérengère Abba en est une : militante anti-enfouissement des déchets radioactifs à Bure, puis plus accommodante dès qu’elle est nommée au Conseil d’administration de l’Andra, militante anti-glyphosate, puis, devenue députée LAREM, refusant d’inscrire dans la loi son interdiction, à quoi peut-elle encore renoncer en tant que secrétaire d’Etat à la biodiversité ?
Et puis, il est des militantes qui associent convictions et courage, et qui les portent jusqu’à la fin de leur vie.
La lumineuse et combative Gisèle Halimi en faisait partie : avocate, elle s’était battue, malgré les insultes et les menaces, pour la dépénalisation de l’avortement, obtenu en 1975 grâce à l’engagement et la ténacité de Simone Veil, pour la criminalisation du viol, votée en 1980, puis, en tant que députée apparentée PS, pour le remboursement de l’IVG, voté en 1982. La criminalisation de l’avortement et le simple délit que constituait le viol, avant la loi, étaient pour elle, et pour les féministes qui étaient à ses côtés, des instruments de contrôle social, maintenant les inégalités entre les femmes et les hommes, des outils de domination d’un genre sur l’autre et d’une classe sur l’autre. Elle eut même à se battre contre une certaine gauche qui voyait le viol comme le produit des injustices de la société capitaliste et, partant, considérait le violeur comme une victime de cette société...
Elle est partie avec cette question qu’elle posait en 2019 : « Pourquoi les injustices faites aux femmes ne suscitent-elles pas une révolte générale ? » Effectivement, pourquoi ?
Gisèle MALAVAL