Le 19 juin 2020 le Parlement européen a intégré à la Résolution contre le racisme, sur proposition de l’eurodéputé LFI Y. Omargee, la reconnaissance de la traite et de l’esclavage comme crime contre l’humanité ; il s’est quand même trouvé une eurodéputée guadeloupéenne RN pour ne pas la voter. Malgré elle, sans doute : elle n’arrive pas à se l’expliquer. Pas plus qu’on n’arrive à expliquer pourquoi il faut régulièrement de nouveaux décrets et lois pour dire que le racisme n’est pas une opinion mais un délit, que le racisme et l’esclavage sont interdits. Pas plus qu’on n’arrive à expliquer pourquoi certains pays comme la Mauritanie continuent, alors qu’ils l’ont officiellement abolie, la pratique de l’esclavage. Enfin, si, il y a une explication : le profit, le marché et surtout la domination d’une classe sur l’autre,stre devient simple objet de propriété ; la définition de l’esclave dans l’Antiquité romaine était « un outil parlant », elle n’a pas changé de nos jours. Et la force de la domination est de pouvoir combiner plusieurs facteurs : genre, couleur de peau, pauvreté, culture, religion, capacités, etc. Marx, dans Le Capital, écrivait ceci, à propos du travail forcé des femmes et des enfants dans les manufactures : « Jadis l’ouvrier vendait librement sa propre force de travail, maintenant il vend femme et enfants ; il devient marchand d’esclaves » Il s’agissait, bien sûr, d’une économie de survie due au machinisme, il n’empêche que le mode de production capitaliste conforté par le patriarcat transmet encore à celui qu’il exploite la légitimité de la domination, et les femmes sont toujours dans le viseur. 1867-2020, mêmes combats.