J’entendais ce matin Jeanne Balibar se payer le ministre de la culture. Elle n’y allait pas à pas feutrés, mais franchement, carrément, dans la gueule. Elle le traitait de cynique, l’accusant d’avoir semé le flou dans ses propositions de relance, d’avoir manipulé les chiffres faisant semblant de donner des milliards alors qu’il n’y a plus que « 400 millions à saupoudrer ».
Elle a raison : où est passée l’exception française quand les gouvernements successifs se moquent bien de la culture alors qu’elle est un terreau indispensable à toute vie fraternelle ?
La crise virale a mis sur la touche des milliers d’intermittents et d’intérimaires, artistes ou techniciens chargés de faire entrer l’art par toutes les portes, d’élaborer des symboles, de créer le rêve qui est le concret de demain. Ces gens-là, aussi indispensables que les médecins ou les instituteurs, sont tombés dans la case chômage. Tout cela parce que les chefs d’état ne prononcent que des mots non suivis d’actes. On pense à celui qui disait :« Je ne laisserai personne au bord de la route ». On pense à Macron et ses Jours heureux. Jeanne Balibar, du temps de Sarkozy disait déjà : « On voit des milliardaires devenus cent fois plus milliardaires qu’il y a vingt ans, et tout chef d’état qui ne rapatrie pas cet argent aujourd’hui est un criminel, responsable de toute mort dans un hôpital. » La grande Jeanne m’a bien plu ce matin à nourrir ainsi les idées citoyennes dont manquent bien souvent nos media. Ceux-là enseignent plutôt l’acceptation, la complaisance, la bienveillance, la charité, tous mots chargés de maux et de servitude à l’ordre établi.