Alors que la mortalité atteignait mardi dernier un nouveau pic aux Etats-Unis, pays le plus touché par l’épidémie, avec 2.228 décès en 24 heures, de nombreuses enquêtes et révélations mettent en lumière le fiasco total de la gestion de la crise sanitaire liée au coronavirus par l’administration Trump.
Le président des États-Unis s’est trouvé un bouc émissaire : l’Organisation mondiale de la santé, à qui il a décidé de coupé les vivres. Fin février, tout était « sous contrôle » et, finalement, le coronavirus, « ce ne pourrait être qu’un ou deux cas durant une courte période de temps », foi de Donald Trump. Six semaines plus tard, 600 000 cas positifs sont recensés et plus de 25 000 morts ont été enregistrés aux États-Unis. Il faut donc un coupable. Que le président américain a désigné dans un tweet mardi : « L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est vraiment plantée. Étrangement, ils sont largement financés par les États-Unis et pourtant très centrés sur la Chine. Nous allons nous pencher avec attention sur le dossier. »
Lors de sa conférence de presse quotidienne du 7 avril, il avait menacé de couper les vivres à l’agence spécialisée de l’ONU. Trump a finalement mis sa menace à exécution une semaine plus tard, annonçant que son pays ne verserait plus sa part du financement de l’Organisation mondiale de la santé, dont il est le principal contributeur avec plus de 400 millions de dollars par an. Les versements sont coupés le temps d’évaluer son rôle « dans la mauvaise gestion et la dissimulation de la propagation du coronavirus ». Il reproche notamment à l’OMS d’avoir critiqué sa décision de fermer les frontières avec la Chine. La tentative de diversion intervient alors que, depuis le début de la crise, de nombreuses enquêtes et révélations mettent en lumière le fiasco total de la gestion de la situation sanitaire par l’administration Trump.
Solidifier l’électorat républicain
Le New York Times révélait la semaine dernière qu’un mémo rédigé par Peter Navarro, conseiller au commerce de Trump, alertait, dès la fin janvier, que la crise déclenchée par l’épidémie pourrait mettre la santé de millions d’Américains en jeu et placer l’économie en état de péril. L’alerte a été ignorée. La semaine précédente, le magazine progressiste The Nation rendait public un document élaboré par le Pentagone dès 2017 qui anticipait la survenue d’une nouvelle épidémie, soulignant que, faute de préparation, celle-ci occasionnerait une pénurie de matériels (respirateurs, masques) et de lits. Exactement ce qui s’est produit ces dernières semaines. Désigner comme bouc émissaire un organisme international trouvera un écho favorable au sein de l’électorat républicain, réfractaire au multilatéralisme, et c’est bien de cela dont il s’agit pour Trump : solidifier sa base.