L’Insee confirme que les réformes fiscales faites en 2018 ont profité pleinement aux plus riches, qui ont gagné 790 euros par an de niveau de vie, contre 130 euros à 210 euros pour les autres.
Un coup de pouce de plus de 10 000 euros par an aux plus aisés. En multipliant les cadeaux fiscaux en 2018, le président des riches n’a pas déçu, a confirmé l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) avec la publication de son portrait social de la France. Balayant les effets de l’ensemble des mesures fiscales et sociales appliquées l’an dernier, sans toutefois inclure les mesures gilets jaunes, l’institut est formel : « Les 10% de personnes les plus aisées [dont les revenus sont supérieurs à 57 120 euros - ndlr] bénéficient d’un gain en niveau plus important que les autres. » Pour cette catégorie, le gain moyen est de 790 euros par an, contre 130 euros pour les personnes vivant avec moins de 8 400 euros, et 260 euros pour l’ensemble de la population. Et cela, grâce à la transformation de l’impôt sur la fortune par l’impôt sur la fortune immobilière. Une faveur présidentielle qui a permis à 350 000 foyers d’augmenter leur revenu disponible de « 3,44 milliards d’euros », soit une hausse moyenne de 9 770 euros. Un gain près de quatre fois supérieur au feu le bouclier fiscal de Nicolas Sarkozy. À cela s’ajoute 1,4 milliard d’euros de la mise en place du prélèvement forfaitaire unique qui vise à plafonner la fiscalisation des revenus de placement à 30%. Avec à la clé un gain moyen de 270 euros par an pour les 10% les plus aisés et de 460 euros pour ceux faisant partie des 5% les plus riches. « Cet effet serait même concentré au sein du 1% les plus aisés », note l’Insee dans ses références, sans toutefois pouvoir communiquer le montant du cadeau.
Les mesures “Gilets jaunes” ne compensent pas les cadeaux aux riches
Si ces deux mesures calibrées pour les détenteurs de capitaux ont donc fait gonfler les revenus des plus riches, il en va tout autrement des autres mesures fiscales ou des prestations sociales censées rendre du pouvoir d’achat aux plus pauvres. La baisse de la taxe d’habitation de 30% (gain annuel moyen :170 euros), la revalorisation de la prime d’activité, des minima sociaux (220 euros) ou encore les baisses de cotisations sociales (80 euros), le chèque énergie (30 euros), sont venus compenser la réforme de l’aide au logement (perte moyenne de 60 euros) et celle sur les prestations familiales, notamment avec les modifications apportées à l’allocation de base pour la prestation d’accueil du jeune enfant (- 270). Avec donc, au total, « un effet limité sur les inégalités ».
Les mesures “Gilets jaunes” annoncées par le gouvernement en décembre et janvier - annulation des hausses de taxe carbone (3 milliards d’euros rien que pour 2019), retour à un taux de CSG de 6,6% pour certains retraités (1,3 milliard), défiscalisation des heures supplémentaires (plus de 3 milliards), revalorisation et élargissement de la prime d’activité (2,3 milliards), pour un total de 10 milliards d’euros - ne devraient pas inverser cette tendance très favorable plus riches. Selon l’OFCE, ces mesures représenteraient un gain moyen de 440 euros par ménage. Mais ce rééquilibrage vers les classes moyennes ne pourra jamais compenser les cadeaux faits aux plus riches au tout début du quinquennat avec la fin de l’ISF additionnée au prélèvement forfaitaire unique.