Conseiller délégué à la mairie de Paris auprès de l’adjoint à l’urbanisme, Jacques Baudrier était la semaine dernière à Troyes. Invité par l’UPOPAube, pour une conférence sur le développement des transports publics et leur gratuité, il a répondu à trois questions de La Dépêche de l’Aube.
Le développement des transports collectifs et leur gratuité
s’annoncent comme un thème fort des élections municipales à venir…
Jacques Baudrier : L’urgence climatique impose de faire progresser
rapidement la part des transports collectifs. Instaurer la gratuité
comme l’ont déjà fait plus de trente agglomérations françaises est une
mesure lisible, efficace immédiatement. La gratuité des transports collectifs
est une mesure d’écologie positive. Elle offre du pouvoir d’achat
supplémentaire à tous les usagers tout en encourageant l’utilisation des
transports publics, qui émettent beaucoup moins de gaz à effet de serre.
Comme la gestion des transports publics est assurée par des agglomérations,
dont les élus sont désignés au sein des conseils municipaux, il
est logique, et légitime, que la gratuité des transports publics s’impose
dans le débat des municipales.
De plus en plus d’agglomérations font ce choix. S’agitil
d’une
volonté politique ?
J.B. : C’est bien sûr la conséquence d’une volonté politique. Les agglomérations
qui ont fait le choix de la gratuité dès les années 1970, comme
Compiègne, sont peu nombreuses. Leurs sensibilités politiques sont variées.
On constate une montée récente du débat de la gratuité un peu
partout. Des agglomérations de plus en plus grandes, comme récemment
Dunkerque et ses 200 000 habitants, ont fait ce choix. C’est souvent
à l’initiative des forces de gauche, plus engagées, à la fois pour le
pouvoir d’achat, et face au défi climatique. Au Parti communiste, nous
proposons une généralisation de la gratuité des transports dans l’ensemble
du pays. Il s’agit pour nous d’un choix de société qui lie le développement
du service public à la lutte pour le climat.
L’agglomération de Troyes apparaît comme un mauvais élève sur la
question des transports publics ? Existe-t’il
des marges de manoeuvre ?
J.B. : La part des transports publics est faible à Troyes, tout comme
celle des modes doux et du vélo. C’est le résultat d’une absence de volonté
politique. Troyes a beaucoup de retard sur nombre d’autres agglomérations
de taille équivalente. On compte peu d’aménagements
pour les transports publics et le vélo. C’est la conséquence de budgets
trop limités accordés sur le long terme. Il y a bien sûr des marges de
manoeuvre au sein même des budgets de la métropole, et des cofinancements
à mobiliser aux échelons régionaux et nationaux. Par exemple
Troyes n’a obtenu aucun financement de l’État dans le cadre du récent
appel d’offres vélo. Une métropole comme Strasbourg a obtenu des financements
pour 13 projets. Troyes a beaucoup de retard et doit agir
vite. Les communistes proposent la mise en oeuvre, dès 2020, de la gratuité
des transports publics. C’est une proposition forte pour les municipales
de 2020, et cela permettrait de faire progresser très vite la part
des transports publics. C’est tout à fait possible, c’est juste une question
de volonté politique.
Il faut aussi investir pour aménager la ville, en créant des voies cyclables
et des aménagements pour les bus. Le retard dans les deux domaines
est très important. Toutes les agglomérations doivent participer
à la lutte pour le réchauffement climatique. Les transports contribuent
pour plus de 30% aux émissions de gaz à effet de serre en France, et cette
proportion augmente. Le Haut Conseil pour le Climat a dénoncé cette
réalité dans son dernier rapport. Pour lutter contre le réchauffement
climatique, il faut diminuer la part des déplacements automobiles dans
toutes les villes et agglomérations. À Troyes comme ailleurs.