Le Parlement européen fait de la réécriture de l’histoire son cheval de bataille. Une résolution, assimilant nazisme et communisme, a été adoptée le 19 septembre.
Il y a deux façons de tuer toute perspective d’émancipation. La première en assommant les peuples de mesures austéritaires qui annihilent tout espoir de changement. La seconde en maniant le révisionnisme historique. En la matière, le Parlement européen n’a de leçons à recevoir d’aucune extrême droite, fût-elle japonaise ou brésilienne. Une majorité d’eurodéputés s’est ainsi prononcée en faveur d’une résolution « sur l’importance de la mémoire européenne pour l’avenir de l’Europe », selon laquelle l’origine de la Seconde Guerre mondiale serait à rechercher dans le pacte germano-soviétique. L’UE formalise ainsi dans ses textes le refrain : nazisme et communisme seraient issus du même tonneau. Focalisant cette mise sur un pied d’égalité sur le pacte Ribbentrop-Molotov, cachant son contexte historique, la résolution omet toutes les politiques de tolérance, de complicité et d’alignement des grandes puissances capitalistes sur la montée du fascisme dans plusieurs pays européens.
Aucune référence au “pacte de concorde et de coopération” du 15 juillet 1933 signé entre le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et l’Italie, qui ouvrait le chemin du réarmement de l’Allemagne. Aucun commentaire sur le sabotage, historiquement démontré, des gouvernements français et anglais des efforts de négociation en vue d’un pacte d’assistance mutuelle avec l’URSS ; ces gouvernements jouant la carte d’un conflit germano-soviétique. Pire, ce texte encourage à gommer le souvenir dans les ex-pays, dits de l’Est, comme c’est le cas, entre autre, en Pologne. Dans cette curée nauséabonde et très inquiétante, le député européen Massimiliano Smeriglio, élu sur la liste du Parti démocrate, s’est désolidarisé de ses collègues qui l’ont voté comme un seul homme. L’élu italien, issu de la culture libertaire et peu soupçonnable de sympathies pro-soviétiques, estimant, lui, que les causes de la Seconde Guerre mondiale sont dans les « conditions de la paix punitive de Versailles » et « la complicité silencieuse avec laquelle l’état libéral a permis le développement du fascisme et du national-socialisme contre le mouvement ouvrier ».
— Le texte adopté est sur le site : https://www.europarl.europa.eu/portal/fr