Emmanuel Macron espérait, à Biarritz, apparaître en grand ordonnateur des puissants de la planète. De ce G7, il reste une pincée de piment d’Espelette offert à des femmes de présidents, quelques vagues déclarations d’intention et l’image d’un sommet bunkerisé face aux indignations du monde
Les inégalités sociales n’en seront pas écornées et aucun virage écologique n’a été amorcé. Les ravages de l’Amazonie, conduits par Jair Bolsonaro, ne seront pas stoppés. Le chef d’État brésilien a même raflé des aides pour lutter contre les incendies ! Le dossier iranien ne semble pas avoir avancé en dépit de la venue « surprise » du ministre des Affaires étrangères, la taxe sur les Gafa sera diluée dans le cadre de l’OCDE et Donald Trump s’est mis de côté, pour le prochain G7 qu’il présidera, à quelques semaines de la présidentielle américaine, la possibilité d’une normalisation des relations avec la Russie. Rentrant enchanté du Pays Basque, il n’a rien lâché et compte bien en récolter les fruits électoraux.
Quant à l’économie mondiale, elle continuera à glisser vers la crise et certains pays vers la récession. Les motifs d’espérer étaient dans les rangs des contestataires du G7 ; les plus de 15 000 manifestants réunis, le samedi avec les “décrocheurs” de portraits de Macron, rappelant que sa politique ignore le risque climatique et fait régresser la justice sociale. Leur contre-sommet a évité les pièges du dispositif policier et donné à voir au pays l’image d’une contestation pacifique qui crédibilise leur mobilisation. Celle-ci constitue un ferment de politiques alternatives, combattant les logiques capitalistes, alliant le progrès social et l’exigence écologique, la solidarité entre les peuples du monde et le combat pour la paix. La gauche de transformation peut y puiser un renouveau.
Le discours a sonné faux
Les dirigeants du G7 ont été bien loin d’être à la hauteur de l’urgence climatique. Le président français, apôtre d’un libre-échangisme destructeur pour les écosystèmes et l’atmosphère, s’était costumé en défenseur de l’environnement et opposant au dirigeant d’extrême droite brésilien, avec son annonce de blocage du Mercosur. Cette menace est dans la « ligne Macron » en matière de politique extérieure, qui prétend démontrer que, face aux peurs qui nourrissent les replis nationalistes, les démocraties libérales ne seraient pas impuissantes et inactives. Mais les dirigeants du G7 ont surtout voulu donner des gages à leurs opinions publiques respectives. Et le discours a sonné faux. Donald Trump a annoncé la conclusion en septembre d’un accord avec le Japon. Macron, en réalité, ne rejette pas le contenu du Mercosur, se contentant de suspendre sa ratification à des fins de diplomatie et, d’abord, de communication. En terme de bilan du sommet, « le G7 et son monde, c’est celui de ceux qui prétendent résoudre les problèmes qu’ils contribuent à générer et amplifier », a fort justement résumé l’économiste Maxime Combes