Nos billets d’humeur feront ils bouger les lignes ? En tout cas, nos propres lignes bougent. Elles vibrent même. Bonheur ou colère, on reçoit les nouvelles gaies ou tristes par les yeux et les oreilles. On juge, on pèse, on jette, on garde. Notre cervelle, vieille machine à trier les idées, garde tout de même un juge primaire au ventre. Même à un âge chenu, il nous arrive de ne plus jouer la sagesse et d’avoir des envies d’administrer des corrections, peut-être même d’étrangler. La tripe est un second cerveau.
Ce qui m’encolère ces jours-ci c’est le soi-disant et peu glorieux combat Macron-Le Pen, alors qu’ils ne sont même pas tête de liste et que les électeurs ont à choisir autre chose, des députés européens bien sûr. On peut appeler ça flouerie, abus, arnaque, puisque le sujet n’a rien à voir avec ce combat extérieur et fantoche. Il n’y a pas 2 listes en compétition, il y en 34. L’escroquerie consiste à détourner les gens du vrai sujet, l’Europe.
Les gens, le peuple… ils s’en tapent. REM ou RN, ils ont la haine de la démocratie, des gilets jaunes, des syndicats et des grèves. Quant aux programmes, ils ont les mêmes : refus d’augmenter le SMIC, suppression des 35 heures, convergence grave sur l’environnement. « Ils se tiennent par la barbichette20 », dit Ian Brossat.
Mais oui, Ian Brossat. On le découvre, celui-là, dans le pur bonheur d’entendre un candidat délivrer un message clair et précis, des répliques mordantes, une connaissance parfaite des enjeux, un biolchevique et écolococo nouveau style. Ce « petit » candidat fait grosse impression.Tiens, je me mets à rêver rouge.