Le dico 2020 « up-to-date », pour faire regimber les francolâtres de la « langue de Molière », le dico 2020 mis à jour donc est sorti cette semaine. Il comporte 63 000 mots alors qu’ils n’étaient que 37 000 en 1871. Notre vocabulaire a doublé en un siècle et demi.
Avec un effet « inflationniste », au sens où l’entend la physique, et 5 000 nouvelles entrées au dictionnaire, ces vingt dernières années. Ainsi, dans le dico nouveau apparaissent le « sans-abrisme », « bio-piraterie », « bio-terrorisme » ou encore « conspirationnisme », « déclinisme », « clivant »... Des mots, explique un linguiste conseiller du Petit Larousse, « dont on pense qu’ils [vont] vivre, qui [ne sont] pas un effet de mode... ». Pas rassurant.
Cet afflux de mots nouveaux en dit long sur l’évolution de notre société. Et surtout sur ses maux. Après « externalisation », « start-up », entrés il y a déjà quelques années, voilà « smicardisation » et « ubériser ». Plus fort, le « slasheur » qui exerce “plusieurs emplois et/ou activités à la fois”. Exit la créature légendaire unicorne. La licorne, dans la cuvée 2020, c’est “une start-up dont la valorisation dépasse le milliard de dollars”. À la malbouffe qui a fait son nid dans le dico depuis 2001, s’oppose le « locavorisme » qui prône de ne consommer que fruits et légumes locaux et de saison. Locavorons donc !
Pour compliquer, il y a aussi la bisbille avec l’Académie française (l’Agagadémie se gaussent certains) ; trente ans de résistance sur la féminisation. Querelle des anciens et des modernes. Dans le dico de la première, l’ambassadrice n’est qu’épouse d’ambassadeur. Pour Petit Larousse, elle représente son pays.
Heureusement, comme l’a écrit Romain Gary, les blancs entre les mots nous laissent encore une chance.
LE CAPITAINE TRICASSE