Face au projet de réforme qui ouvre la voie à de nouvelles privatisations et à la casse du statut des fonctionnaires, les agents se sont mobilisés le 9 mai. La vulgate libérale ne cesse de les réduire à un coût, stigmatise leur “inefficacité”... quand ils sont un placement d’avenir.
Depuis que les politiques néolibérales sont appliquées sans discontinuité, les fonctionnaires sont régulièrement la cible de campagnes dénigrant leur travail. Tous les gouvernements de droite les ont attaqués, remettant en cause - ou tentant de le faire - leurs acquis sociaux, leur utilité dans la vie sociale et économique du pays. Avec sa réforme de la fonction publique, le gouvernement s’attaque aux conditions de travail des fonctionnaires, comme il s’est attaqué auparavant au Code du travail dès le début du quinquennat. Pour ce faire, il utilise des campagnes de dénigrement de leur travail, déjà utilisées par le passé, chaque fois qu’un exécutif a voulu démanteler ou privatiser un service public. Travaillant moins et mieux payés que dans le privé, tel est le ver que les pouvoirs successifs s’acharnent à faire pénétrer dans l’opinion publique. Discours repris par Emmanuel Macron et Édouard Philippe : les fonctionnaires coûtent cher, ne travaillent pas assez et s’absentent trop souvent. Ajoutez-y, pour faire bonne mesure, des services publics qui ne « fonctionneraient pas bien » et donc, financés par nos impôts, qui seraient la cause d’une trop grande pression fiscale sur les ménages. La réforme du gouvernement promet ainsi de « rationaliser » la fonction publique et de la rendre « plus réactive et plus attractive »… en lui appliquant des règles calquées sur celles du secteur privé. Davantage de recours aux contractuels (qui sont déjà 20%), détachement d’office vers des entreprises privées gérant des missions de service public, instauration de la rupture conventionnelle, etc.
Les “coûts” que l’on n’annonce pas aux usagers
L’objectif de « rationalisation » est en réalité un objectif de ‘rentabilisation’ des activités relevant de la fonction publique. Et derrière, c’est la privatisation qui se profile. Les postiers, agents d’EDF et de GDF ont été attaqués sur les mêmes bases en leur temps. En cassant des services publics par réformes successives, les gouvernements ouvrent des activités économiques entières qui échappaient aux lois du marché : énergie, autoroutes, aéroports, santé, enseignement (notamment supérieur), etc. Ce sont ainsi des milliards d’euros qui se retrouvent à disposition de firmes privées qui pourront réaliser des bénéfices dessus. Et ces bénéfices, ce sont les coûts que l’on n’annonce pas aux usagers. Pour répondre aux lois du marché, il faut dégager des marges qui vont dans les poches des actionnaires. Autant d’argent qui n’est plus réinvesti pour le bon fonctionnement du service public ainsi privatisé. Et qui reste financé par l’impôt ; par le truchement des aides publiques et autres Cice, tandis que l’usager peut être amené à payer plus cher un service autrefois public (voir les autoroutes, entre autre). Pour l’ancien ministre Anicet Le Pors. « Le projet de loi est également contraire à la rationalité d’une action publique finalisée par l’intérêt général. » Du grand débat, Emmanuel Macron n’a rien voulu retenir (sinon demander en préambule aux français quels services publics supprimer !), alors qu’il faudrait au contraire insuffler une nouvelle dynamique pour les services publics pour garantir l’égalité de tous les territoires et de tous les citoyens.