Les Colverts.fr sont une association basée dans le Calvados. Elle a pour passe-temps la reconstitution historique. Pas n’importe laquelle. Il s’agit, dit-elle, « de reconstituer de manière la plus crédible possible la vie quotidienne de soldats allemands appartenant aux unités de Panzer Grenadiers de la Heer durant le second conflit mondial ». De la Heer ! Entendez de l’armée. Soyons allemand « bitte » (S’il-vous plaît). Chaque année, l’association est invitée au château de Vaux (près de Fouchères) qui a besoin d’argent pour redonner vie aux bâtiments. C’est là qu’elle exerce ses talents en tenue de combat, avec les armes appropriées, mitrailleuses comprises, qu’on espère neutralisées. Les Colverts « s’affirment apolitiques et écrivent qu’ils n’ont aucune sympathie pour les idées nazies ou tout autres idées extrémistes ! » Certes, mais la lecture attentive de leur blog montre qu’ils n’ont pas que des soucis historiques et qu’ils mettent leur équipe dans les conditions même d’une troupe en action, et que chaque « réussite » des figurants, devenus soldats de la Panzer Grenadier, est payée d’une croix, d’une médaille ou d’un diplôme avec montée en grade pour les meilleurs « Soldaten ».
Toutes les divisions de Panzer Grenadier n’étaient pas membres de la SS, comme cette SS Panzer Grenadier-Brigade 51, qui est intervenue à Buchères pour y massacrer 67 personnes. Les Colverts disent reconstituer des divisions de l’armée « régulière », mais, à l’époque, la Heer était du côté de Hitler et les soldats allemands, tout réguliers qu’ils étaient, commettaient des représailles et des crimes de guerre. Les Colverts ont tout du vilain petit canard. Ils ont le col vert-de-gris. La nostalgie pour l’époque de l’occupation perce derrière ces reconstitutions qui n’apportent rien à l’histoire. Ce qui est de surcroît intolérable, c’est que les manoeuvres militaires des Colverts ont lieu dans un endroit où des Résistants avaient un maquis commandé par Pierre Chuchu et J.-M. Reynaud (Francoeur), secondés par le « Père Colin », Roger Gallery et Bernard Luthy, Bernard qui mourut fusillé à Châlons-sur-Marne. Voilà pourquoi leur présence est répréhensible et choquante.
JEAN LEFÈVRE