Près de 4 000 personnes de tous horizons ont participé aux six heures de mobilisation pour mettre l’Humanité sous protection populaire.
L’Humanité est bien plus qu’un journal : c’est une matière politique incandescente ; un lieu sensible où se tissent des solidarités et des combats, des savoirs, des doutes, des convictions et toute une culture. Le 22 février, à la halle Marcel-Dufriche à Montreuil, cette alchimie s’est manifestée de la plus belle des façons, lors de la soirée de soutien au journal. Olivier Besancenot, Benoît Hamon, Fabien Roussel, David Cormand, Philippe Martinez... tous étaient venus dire à quel point ce journal est indispensable aux luttes, à la pensée critique, à l’invention d’une politique d’émancipation. La détermination à mettre l’Humanité sous protection populaire et citoyenne se joue même des frontières politiques. D’improbables rencontres s’y sont produites : il fallait voir le mathématicien et député LaREM, Cédric Villani, engagé pour la reconnaissance de l’assassinat de Maurice Audin comme un crime d’État, en grande conversation avec un gilet jaune. Des artistes y ont côtoyé des salariés en lutte ; des sportifs s’entretenaient avec des historiens ou des philosophes ; des dessinateurs, des plasticiens, des journalistes, des humoristes ou des musiciens croisaient des ouvriers ; des cheminotes, des infirmières ; des scientifiques échangeaient avec des féministes, des défenseurs du droit au logement ou des militants engagés contre les violences policières. « L’Humanité est le lieu par excellence de l’alliance entre les intellectuels et le peuple, alliance sans laquelle aucune avancée n’est possible », résumait le président des éditions du Seuil, Olivier Bétourné.
“C’est parfois de l’extrémité du péril que vient le salut”
Impossible de résumer ici la teneur de cette soirée dense et enthousiasmante. De virgules littéraires en intermèdes musicaux, la soirée s’achevant, le comédien Yvan Le Bolloc’h faisait entendre les mots d’alarme de Jean Jaurès, redoutant en 1906 de devoir mettre un terme à l’aventure de l’Humanité pour des raisons, déjà, d’asphyxie financière, deux ans seulement après sa création. Son bouleversant appel aux lecteurs, aux amis du journal, s’achèvait ainsi : « C’est parfois de l’extrémité du péril que vient le salut. » Nos journaux ne sont pas tirés d’affaire. Mais l’extraordinaire solidarité qui se manifeste autour d’eux insuffle à ceux qui font l’Humanité, comme à ceux qui la lisent, un puissant élan de vie. Présentant une nouvelle formule, Roland Leroy, alors directeur du journal et qui vient de nous quitter, expliquait - déjà à l’époque - que la richesse de L’Humanité, c’était d’abord ses lecteurs. La vague de solidarité de tous bords est un signe encourageant. Continuons la bataille !
18 nouveaux abonnements réalisés dans l’Aube Outre les donateurs qui se sont mobilisés dès l’annonce du péril, les militant.e.s sont aussi montés sur le pont pour réaliser de nouveaux abonnements au journal, seuls gages pérennes pour assurer l’avenir.