Se borner à constater l’état des lieux planétaire, même en
versant des larmes de crocodile, ne sert plus à rien.
En matière de climat comme en toute autre désormais, la collision des
effets du réchauffement avec des crises de système, qui ressortissent
de la crise de civilisation, appelle à changer radicalement de logique.
“Notre maison brûle et nous regardons ailleurs”. Ce “nous” n’était pas
indistinct : J. Chirac s’adressait à ses homologues lors du premier Sommet
de la Terre dédié à la question du réchauffement, en Afrique du Sud,
fin août-début septembre 2002. L’accentuation des inondations, incendies
et autres sécheresses n’est pas spontanée : elle a été anticipée, depuis
bien longtemps désormais, par les scientifiques spécialistes du
climat, et répétée au rythme des sommets climat qui se sont suivis depuis
16 ans. La France n’y a pas fait exception en accueillant la COP21.
Devenu président, Emmanuel Macron a même prétendu au titre de
champion de la lutte contre le gaz à effet de serre, tandis que son “cher
ami” Trump déchirait l’accord de Paris conclu en 2015. Si la manière
diffère, leurs priorités son ailleurs. C’est qu’en matière de climat comme
pour le reste, plus on est pauvre et faible, plus on paye cash le moindre
effet des dérèglements en cours. Les pays dits riches, autrement dit les
grandes puissances mondiales, s’avèrent incapables d’honorer leur engagement
de les aider à hauteur de 100 milliards de dollars. Cette
somme est de treize fois inférieure aux sommes engagées dans la course
aux armements nucléaires et dix fois moindre que les dividendes versés
au niveau mondial à la “planète spéculation”... pour le seul premier semestre
de cette année !
On ne saurait mieux voir là l’incompatibilité foncière entre un système planétaire entièrement fondé sur le gâchis du fruit du travail humain et des ressources de la planète, et une lutte résolue pour sauver notre “maison commune”. Chaque pas fait en commun, ici comme par-delà les frontières, par la mise en mouvement citoyenne pour imposer d’autres choix sociaux, démocratiques et environnementaux est le seul chemin qui dessinera un autre avenir tenable.