Vous n’avez pas pu y échapper : Nemo, le chien présidentiel, a fait
pipi. Pas dans les jardins de l’Elysée, mais à l’intérieur. Et le président
a ri. L’anecdote, lancée par TF1-LCI, a été reprise par plus de
trente médias différents ! Journaux papier, radios, TV, sites de vidéos…
Ne pigeant pas en quoi ce non-événement constituait une info,
j’ai cherché sur internet quelques articles sur la communication politique,
et j’ai noté une paire de trucs. D’abord, que l’apparente proximité
d’un chef, c’est un grand classique. Pour adoucir la verticalité
du pouvoir, il est conseillé de le mettre en scène de temps en temps,
dans une situation qui nous soit familière. S’il est impopulaire, ça lui
donnera un côté sympa. Et puis surtout l’électeur pourra, c’est magique,
s’identifier au gars : même tout puissant il est comme nous,
donc c’est bien notre représentant, donc il est légitime. CQFD. Toujours
sur internet, je suis tombée sur une citation du sociologue
Pierre Bourdieu : « En mettant l’accent sur les faits divers, on écarte
les informations pertinentes que devrait posséder le citoyen pour exercer
ses droits démocratique. » Intéressant. Un pipi de chien face au
droit du travail : en pleurer ou en rire ? Vous me direz, plus de trente
médias, ça fait complot, non ? Même pas ! Si les grandes fortunes
s’achètent des médias, c’est bien pour y défendre leurs intérêts. Ils
n’ont pas besoin de se concerter pour repérer les bons coups.
Vous vous souvenez des Nouveaux chiens de garde, de Serge Halimi ?
Un bon chien peut en cacher d’autres, beaucoup moins mignons.