Je me demande bien pourquoi on continue à apprendre le français.
Vous avez des grammairiens, des linguistes qui sonnent le
tocsin : « Les Français ne connaissent plus leur langue, ils commettent
faute sur faute, revenons, disent-ils, à la bonne parlure d’autrefois
! » Moi, qui écoute la radio et les autres bavards des médias,
je me dis qu’il n’est plus nécessaire de défendre le français.
C’est une langue qui va disparaître.
Sur les médias, on entend de plus en plus d’émissions tournées
vers l’anglais : histoire, musique, littérature... avec spécialistes
parlant dans leur propre langue heureusement traduite par un
interprète, car nous devons entendre les messages de la grande
nation d’outre-Atlantique. Mais bientôt la voix de l’interprète
faiblira et la voix originale en langue anglaise grandira, effaçant
celle du convertisseur. Nous serons alors tous yankees.
Toutes ces émissions, parfois intéressantes, sont rythmées par
des chansons venues elles aussi de là-bas, histoire de nous mettre
dans l’ambiance et de réviser notre anglais. On reste habilement
dans le domaine culturel.
Donc plus besoin de se battre pour le français. La langue de
remplacement arrive. La langue du vainqueur
J’ai rencontré un Européen convaincu qui s’étonnait qu’on n’entende
plus du tout parler de culture allemande, pas plus que
d’espagnole ou d’italienne ou de slovène. On pourrait créer un
comité de défense de la langue slovène et diffuser leurs chansons,
je lui dis. Ces gens-là doivent bien chanter. Ils chantent
déjà, en anglais eux aussi, me répondit-il.