On sait depuis Chaban-Delmas que la mairie de Bordeaux n’a
qu’une porte trop étroite pour accéder à l’Élysée. On sait depuis
Giscard que le ministère de l’Économie est un excellent tremplin
pour la présidence de la République, surtout si le candidat est
jeune et se prétend en marge de sa famille politique (mes excuses
auprès des jeunes lecteurs pour ces références d’un
autre âge).
C’est donc merveilleux de voir l’histoire hoqueter et d’entendre
de vieux briscards de la politique nous jouer la berceuse de
l’homme nouveau et indépendant, rassembleur d’énergies nouvelles
pour entreprendre une longue marche. Il faut reconnaitre
à Macron le mérite d’avoir quitté le navire suffisamment tôt pour
donner l’impression de n’avoir aucune responsabilité dans le
naufrage du quinquennat. Des passagers à la mémoire courte
qu’on n’a jamais vus dans les manifs contre la casse sociale
de ce gouvernement saisissent l’occasion de prendre leurs distances
et de refuser l’héritage. Ils s’abritent derrière l’homme
nouveau pour donner l’impression qu’ils sont téméraires, au
risque de donner l’impression de se renier.
Les bouteilles sans étiquette ne contiennent souvent qu’un
rosé frelaté, qui peut faire illusion par sa couleur, mais sans saveur
et tout à fait inapte au vieillissement.