Au début de ce mois, une conférence à la Société académique
évoquait le sort des veuves de la Grande Guerre. Une
découverte pour beaucoup et un moment d’émotion bouleversante,
très loin de certaines évocations ludiques qui laissent
parfois croire « Ah Dieu ! que la guerre est jolie ». Constat
terrible d’une nation plus prompte à glorifier ses hommes
morts (la moindre des reconnaissances) qu’à assurer la survie
de leurs femmes échouées dans la misère (ce qui n’aurait
été que justice).
La société se révèle dans le sort dévolu aux femmes ; ici et
ailleurs. Dans la guerre économique déclenchée par le capitalisme,
les femmes sont les faibles d’entre les faibles. « La
France va mieux. » L’affirmation n’a pas été démentie par
Carlos Ghosn ni par les économistes officiels. Pourtant, les
femmes sont de plus en plus nombreuses à survivre machinalement
grâce aux organisations caritatives, seules soutiens
d’enfants à l’avenir nébuleux, battues parfois, proies
faciles, noyées dans les dettes et les formulaires à remplir.
L’horizon brunit, et pas seulement en Autriche. Le capitalisme
est embarrassé par ce qui reste de démocratie. Il oppose des
mirages de haine à ceux qui rêvent de bonheur solidaire. À
force de lois et de matraques, « la France va mieux » mais la
vie quotidienne de beaucoup de femmes reste un parcours
du combattant.