Environ 200 personnes ont rempli l’auditorium de la Maison du
Patrimoine, vendredi 15 janvier, pour écouter l’historien Jean-
Paul Scot, invité de l’UPOPAube, parler de la laïcité.
Ce dernier, en effet, ne s’est pas perdu dans le dédale des affaires
politiciennes de l’actualité, mais a su repartir de la loi de 1905, de
ses prémices et de sa conception. C’est cet éclairage historique
qui permet de comprendre ce principe clair, qui sépare l’État des
religions et qui fait vivre ensemble République et laïcité. Elle fut
un combat acharné des démocrates (Jaurès, A. Briand) et, dès
son application, sujet à de longues luttes politiques. Il a rappelé
les origines lointaines de la loi, bien avant 1789 et l’évolution de
l’idée qui aboutit à celle de 1905, énumérant tous les combats qui
parsemèrent le XIXème siècle pour aboutir aux grandes lois républicaines
dès 1880 et à la laïcité de 1905. Un historique permettant
de comprendre comment la laïcité républicaine est attaquée aujourd’hui
par ceux qui disent la défendre. Contestée, contournée
depuis 1958 - et surtout 1989 - on l’af fuble de divers adjectifs
(positive, ouverte, identitaire et même européenne) pour mieux
la falsif ier. J.-P. Scot décrit ensuite la loi de 1905 qui est une
loi de protection et de garantie des libertés (conscience, cultes),
ce qui aboutit à « une double émancipation » de l’État et des
églises. L’État ne connaît que les citoyens ! Mais, s’il y a neutralité
sur le plan religieux, il n’y en a pas sur le plan des valeurs
selon Jaurès, puisqu’il faut assurer le bien commun et les droits
fondamentaux.
Évoquant la société française en 2015, il n’y a pas de « retour
au religieux » comme certains l’af firment ou l’ont af firmé (Malraux).
Bien que la pratique religieuse soit en forte baisse dans
toutes les religions, elles réclament une place dans la société
civile. La loi Debré de 1959, applaudie par l’église catholique en
tant que laïcité « positive », avait été un premier mauvais coup
porté à la laïcité. Les protestants, pour ne pas être en reste firent
adopter une laïcité « ouverte » par le gouvernement Jospin,
permettant à l’État d’aider les religions minoritaires par des
subventions. Quant aux musulmans, dit J.-P. Scot, à part une
minorité radicale, ils ne menacent pas le « vivre ensemble » et
ne remettent pas en cause la laïcité.
Puis le conférencier s’est penché sur les partis politiques, positionnant
chacun vis à vis de la laïcité. « Je suis particulièrement
scandalisé par l’OPA lancé sur la laïcité par Marine Le Pen
depuis 2005 et ses violentes diatribes contre les prières de rue,
contre la construction de mosquées et les repas sans porc dans
les cantines scolaires. [...] Il n’y a pas parti plus anti-laïque que
le FN », déclare J.-P. Scot. Les positions des Républicains, du
PS et même de la “gauche de la gauche” ont été analysées
sans concession par Scot. Nous y reviendrons. En conclusion,
l’orateur résuma son propos en déclarant :« La laïcité n’a pas
besoin d’épithète, mais plus que jamais la République doit être
réellement laïque, démocratique et sociale ».