T’as vu qu’ils vont encore nous rajouter un an pour la retraite ?
Et le montant va baisser. Et, subtile manoeuvre, le gouvernement
sera tenu d’entériner. C’est du grand art ! Pour réussir ce
beau coup, il a besoin de syndicats complices. Complices mais
honnêtes. Honnêtes par ignorance car ils croient sincèrement
qu’il faut se serrer la ceinture. Alors ils acceptent tout. Ils acceptent
le détricotage des « conquis », ces fameux « acquis »
qui ne le sont jamais, acquis. Ils acceptent que la balance de
l’égalité ne soit jamais en équilibre et que le plateau de la lutte
des classes penche du côté du plus fort. Le plus fort, c’est le
patron. Bientôt n’y aura plus qu’un plateau. Celui du patron.
Comme du temps des rois.
Les femmes, chez Sodimédical, elles y ont cru elles aussi.
Quand le voyou allemand est allé se faire voir en Chine, il a fait
place nette. Elles se sont aperçues de leur servitude quand il
a fallu payer les traites. Leur maison appartenait à la banque.
Le gentil banquier les a jetées à la rue. Mais libres. Libres d’aller
se faire pendre ailleurs. Comment voulez-vous qu’elles voyagent,
elles sont raides comme un passe-lacet. Les voilà assignées
à résidence. Y a que le fric qui traverse les frontières de
nos jours.
Leur reste la voix pour crier, la plume pour écrire, tout ça à
cause de cette fameuse liberté de conscience. Depuis 89, on
peut dire ce qu’on pense… Mais si tu n’as pas la thune, tu n’as
ni journal à toi, ni radio, t’as que la liberté de parler à ton chien.
Tu mesures dans ton porte-monnaie le degré de ton infortune…
Te reste la rage. Et mille rages réunies, ça peut faire un beau
défilé.