Croissance nulle et plus
mauvaise performance de
toute l’année écoulée.
L’autocongratulation de
Michel Sapin ne fait pas
oublier que le gouvernement
a plusieurs fois réduit ses
objectifs depuis 2012.
Nouveau coup de froid pour l’économie
française. Au 2ème trimestre,
le thermomètre de la croissance a
affiché zéro, indique l’Insee. C’est
pire que prévu, car selon les prévisions
des économistes, on pouvait,
certes, s’attendre à un ralentissement,
après + 0,6% de PIB sur les
trois premiers mois de l’année 2015
(0,7%, selon les données révisées),
mais sans descendre au-dessous
de 0,2/0,3% entre avril et juin. La
croissance nulle entache donc sérieusement
le discours sur la « reprise
» du gouvernement, qui se dit
« réjoui » par ce chiffre qui conforterait
ses prévisions pour 2015.
On continue...
Il faut remonter au deuxième trimestre
de 2014 pour trouver une
performance moins bonne (-0,1%).
Mais le ministre des finances, Michel
Sapin, n’en démord pourtant
pas. « Au-delà des à-coups d’un trimestre
sur l’autre, la France est en
reprise d’activité », a-t-il réaffirmé
sur France Inter. Mais il joue sur
les mots, car si les marges (les profits
des entreprises) « sont en train
de se redresser », cela ne se traduit
pas par une reprise d’activité. Au
contraire, au deuxième trimestre,
l’investissement des entreprises a
ralenti tandis que la production a
stagné, plombée par la chute des
biens manufacturés. Même le faible
rebond de l’emploi dans le secteur
marchand (+ 27 000 emplois)
est un trompe-l’oeil, car tiré essentiellement
par l’intérim. Seul facteur
qui empêche une croissance
négative, « le commerce extérieur
soutient l’activité » à hauteur de 0,3
point de PIB, relève l’Insee. Mais
hors de question pour le gouvernement
de changer de politique. « La
première des priorités, c’est de maintenir
le cap », a réaffirmé Michel
Sapin, faisant aussi front aux critiques
dans son propre camp, après
l’adoption par le PS, à la fin juillet,
d’un rapport qui réclame la réaffectation
au pouvoir d’achat des
ménages d’une partie des aides accordées
aux entreprises, dans le
cadre du pacte de responsabilité.
Ce que disait Sapin en 2011
Difficile là aussi de nier l’évidence.
Les dépenses des ménages ont fortement
marqué le pas au 2ème trimestre,
à + 0,1% après + 0,9%. Au
chapitre des réductions du budget
des familles : l’énergie, l’habillement
ou encore les médicaments,
relève l’Insee. Leur investissement
dans le logement continue aussi de
fléchir (-1,6%). Au total (c’est-àdire
entreprises, ménages et administrations
confondus), la demande
intérieure « décélère fortement » (+
0,1 % après + 0,6 %). À ce rythme,
si l’hypothèse de croissance de 1%
du gouvernement pour 2015 a encore
des chances d’être atteinte, la
courbe du chômage n’est peut-être
pas encore à son apogée. L’exercice
d’autocongratulation auquel il se
livre ferait presque oublier que le
gouvernement a plusieurs fois réduit
ses objectifs de croissance depuis
2012. Alors que le programme
présidentiel de François Hollande
prévoyait une reprise à 2,25% sur
les années 2015, 2016 et 2017, les
impératifs gouvernementaux sont
devenus moins ambitieux : 1% en
2015 et 1,5% pour les deux dernières
années de ce quinquennat.
Saisissons l’occasion de rappeler
au ministre des finances ce qu’il
disait en 2011, sous Sarkozy, dans
une situation identique : « la politique
d’austérité sans précédent et
l’incohérence de la politique industrielle
ont cassé la reprise sans réduire
les déficits. Et que dire des
actions menées au niveau européen
et international ? » étonnant !
Les dépenses des ménages ont fortement
marqué le pas au 2ème trimestre 2015 (-0,8%).